L’histoire de l’humanité pourrait se résumer en l’histoire de ses guerres, tant depuis la nuit des temps l’homme apparaît comme guerrier, comme s’il ne pouvait se ressentir pleinement homme sans vivre ce caractère comme un attribut de sa condition d’homme.
Cependant une autre des dimensions humaines est l’amour, la fraternité, le désir de paix.
Cette contradiction a conduit l’humanité à construire un cadre moral visant à se civiliser elle-même, à donner des limites à la violence, à la prédation. De ce cadre moral a émergé de sources différentes, ce cadre juridique que l’on appelle « les droits de l’homme ».
Dans une conception purement juridique cette acception des « droits de l’homme » suppose des autorités internationales compétentes pour les définir, ce qui revient dans l’ordre juridique international, à écarter les conceptions communautaristes des droits de l’homme. Ainsi la charte africaine des droits de l’homme et des peuples, et la déclaration islamique universelle des droits de l’homme promulguée en 1981 par le Conseil islamique, laquelle a été jugée par la Cour européenne des droits de l’homme par l’arrêt du 31 juillet 2001, incompatible avec la convention européenne des droits de l’homme de 1950 ; ne sont pas reconnues dans l’ordre juridique international.
Il reste la déclaration universelle des droits de l’homme rédigée par l’ONU, qui a emporté l’adhésion de 58 pays sur 194, dont la conception est laïque et démocratique, qui se veut certes universelle mais n’est pas parvenue à imposer une unicité qui garantirait la paix.
D’autant que les droits de l’homme ne sont pas alors que protecteurs mais peuvent s’ils ne sont pas la cause des guerres, servir d’alibi et être utilisé pour justifier des conflits. L’actuel conflit en Syrie amènent à se demander par exemple si la cause de la défense des droits de l’homme ne conduit pas parfois à l’ingérence, à envenimer les situations, voire à développer le chaos aux dépens des populations. Aujourd’hui les avancées technologiques ont ouvert des possibilités nouvelles aux dirigeants, leur permettant d’exporter bien au-delà de leurs frontières leurs velléités hégémoniques et d’expansionnisme économiques, mettant ainsi à l’abri leur propre population tout en exterminant à distance celle des pays convoités ou simplement potentiellement concurrent dans un jeu complexe d’alliance.
Les notions de guerre et de paix sont ainsi devenues plus floues, et à l’intérieur d’un pays, d’une société, la notion de paix elle-même ne garantit pas de l’effectivité de l’exercice des droits de l’homme. Des pays peuvent permettre un certain niveau de vie de leurs ressortissants et ne pas permettre cet exercice si leurs institutions pèsent sur eux au point d’empêcher les libertés fondamentales comme la liberté de conscience. Il en va ainsi des dictatures, qu’elles soient théocratiques ou non comme l’Arabie Saoudite, la Chine ou la Russie. De même, alors que les droits de l’homme sont naturellement un facteur de développement économique, les pays où les écarts de revenus ne permettent pas au plus grand nombre de survivre et d’être en sécurité, ne peuvent se prévaloir des droits de l’homme.
Il reste dans nos sociétés, qui par exception parviennent à se maintenir comme démocratique et laïque, au prix parfois de régime d’exception comme l’état d’urgence encadré par la Loi, à rester vigilants. Menacés de l’intérieur comme de l’extérieur, quand la police ou la justice ne sont pas équitables pour tous mais pratiquent la discrimination, quand les leaders politiques s’attaquent aux corps intermédiaires, opposant les uns aux autres et propageant la peur et le populisme, les droits de l’homme tout comme la paix, ne peuvent qu’être le résultat d’une tension vers un idéal, un patrimoine moral jamais acquit qu’il nous appartient de défendre et de développer dans une responsabilité partagée.
Président: J-M AUD.°.
Membres : Aud, Bal, Cha, Dah, Fer, Ger, Gue, Jam, Mul