Le 26 janvier 2010, la Mission Parlementaire sur le port du voile intégral présidée par le Député André Gérin a rendu son rapport et ses recommandations au Président de l’Assemblée Nationale.
Au-delà des polémiques politiques inévitables sur de tels sujets, le Grand Orient de France tient tout d’abord à saluer le travail des Parlementaires qui n’ont cherché à éluder aucune question dans cette problématique difficile où les valeurs de la République sont interpellées.
Le Grand Orient de France rappelle ensuite sa position exprimée devant la Mission Parlementaire : le port du voile intégral est une atteinte inacceptable aux droits de l’Homme puisqu’il postule une négation absolue de la femme qui le porte au profit d’un symbole d’appartenance à un groupe radical totalement refermé sur lui-même. Le port du voile intégral, qui n’a rien d’un symbole religieux qui appartiendrait à l’Islam, constitue bien un défi lancé à la République dans la conception même d’une société laïque du « vivre ensemble » ne reconnaissant que des citoyens et non des communautés segmentées.
Cette analyse est au demeurant totalement en harmonie avec la position adoptée par le Conseil Français du Culte Musulman lors de son audition par la Mission Parlementaire.
C’est pourquoi le Grand Orient de France s’est prononcé en faveur d’une loi prohibant le port de ces habits dans la sphère publique, comprise comme le lieu où partout doit s’exercer la citoyenneté républicaine à égalité entre les membres de la nation française.
Dans le même temps, le Grand Orient de France considère que la plus grande vigilance doit s’exercer pour éviter toute instrumentalisation de la question du port du voile intégral par certains qui voudraient en profiter pour stigmatiser les musulmans de France.
Le Grand Orient de France appuie également le principe d’une Résolution de l’Assemblée Nationale réaffirmant à cette occasion les valeurs républicaines et notamment le fait que la liberté de conscience ne peut s’exercer que dans le respect du principe de laïcité.
C’est la raison pour laquelle le Grand Orient de France soutient la proposition de mise en œuvre de l’Observatoire de la laïcité créé en 2007 et qui devrait enfin permettre d’établir une veille publique utile à l’évolution de ces questions dans la société française.
Toutefois, le Grand Orient de France tient à marquer sa désapprobation devant un des points mentionnés dans le rapport de la Mission qui reprend l’une des recommandations du Rapport Machelon et qui concerne le contournement éventuel de l’article 2 de la loi du 9 décembre 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat, en matière de financement des lieux de culte. Il existe d’ores et déjà des dispositifs juridiques qui permettent de répondre au souci, légitime, de l’exercice du culte dans des lieux décents, sans chercher à remettre en question la loi qui constitue un pilier fondamental de la laïcité en France.